L’héritage des Périers, premiers seigneurs connus de Seur

Les premières mentions de la seigneurie de Seur remontent au Moyen Âge. L’un des noms les plus anciens associés au village est celui de la famille des Périers. Cette famille noble, dont l'influence s'étendait dans une grande partie du Blésois, est documentée dès le XIVe siècle.

La famille des Périers a joué un rôle crucial dans l’affermissement du pouvoir seigneurial local. Leur blason, simple mais significatif, ornait autrefois les murs du château médiéval qui dominait Seur. Bien que peu de traces de cette forteresse subsistent aujourd’hui, son existence témoigne du rôle stratégique que le village occupait à l’époque médiévale, notamment en tant que point de contrôle sur la vallée de la Loire.

Parmi les membres notables des Périers, on trouve Geoffroi de Périers, seigneur qui aurait participé activement aux luttes de pouvoir pour préserver l’autonomie des petites seigneuries locales face aux grandes maisons comme celle des Dunois ou des Orléans.

Les Lamy de Beaumanoir : mécènes et bâtisseurs de Seur

Au XVIIe siècle, la seigneurie de Seur passe entre les mains de la famille Lamy de Beaumanoir. Ce nom évoque une période de transformation et de renouveau pour le village. Les Lamy de Beaumanoir, riches gentilshommes d'origine tourangelle, ont su profiter de leur statut pour redessiner le visage de Seur.

Ils sont à l’origine d'importants travaux au sein du château de Seur. Celui-ci, bien qu’il ne subsiste aujourd'hui que peu d’éléments visibles, fut à l’époque un lieu de faste et de réception. La salle d’apparat, selon des archives de 1652, était décorée de tapisseries présentant des scènes de chasse, emblème des loisirs aristocratiques de cette époque.

Thierry Lamy de Beaumanoir, l’une des figures marquantes de cette lignée, était connu pour sa générosité à l’égard des habitants du village. Il aurait financé la construction d’un pont reliant les berges du Beuvron pour favoriser les échanges commerciaux. Cette initiative témoigne d’un sens de l’innovation rare parmi les seigneurs de sa génération. Sa devise familiale, « Fidèle à mes terres », illustre bien cette proximité avec son domaine et ses habitants.

La Révolution française et l’exil des nobles de Seur

L’ère révolutionnaire n’a pas épargné Seur ni ses anciens seigneurs. Comme beaucoup de villages de France, Seur a été le théâtre de bouleversements politiques et sociaux à la fin du XVIIIe siècle. La succession complexe des droits seigneuriaux et l’arrivée des représentants républicains dans la région ont conduit à la désertion de nombreux nobles. C’est ainsi que la famille Lamy de Beaumanoir quitta définitivement ses terres.

Certaines archives municipales, datées de 1793, mentionnent l’inventaire des biens des nobles exilés. Ces documents listent des meubles précieux, des ouvrages religieux et des objets d'art, tous saisis ou vendus au profit de la commune. On raconte que plusieurs cénotaphes présents dans l’église Saint-Martin de Seur avaient été vandalisés à cette période, bien que certains aient été partiellement restaurés au XIXe siècle.

Des personnalités locales aux grandes ambitions

Au-delà des seigneurs traditionnels, certaines figures locales ont su marquer l’histoire de Seur grâce à leur implication dans la vie du village ou leur rayonnement. Parmi elles, citons Guillaume Richet, notable du XIXe siècle connu pour son action dans la modernisation de l’agriculture locale.

Figure atypique, Guillaume Richet était à la fois agronome et inventeur. Il développa une méthode innovante d’irrigation pour les terres agricoles situées en bordure du Beuvron. Ses travaux furent salués lors de l’Exposition industrielle de Blois en 1870, où il remporta une médaille d’or. Par son enthousiasme et ses expérimentations, Richet symbolise ces personnalités rurales capables de transformer leur territoire à leur échelle.

L’empreinte religieuse des personnages historiques

Impossible d’évoquer Seur sans parler de son patrimoine religieux, étroitement lié à certaines figures marquantes. L’église Saint-Martin, une perle d’architecture romane et gothique, conserve plusieurs éléments liés à l'histoire des seigneurs et des curés notables de Seur.

Le curé Joseph Lemercier (1810-1887) est une figure marquante pour les habitants. Enseignant dévoué, il joua un rôle important dans l’éducation des enfants du village après la promulgation des premières lois scolaires. À l'époque, il ouvrit une petite école paroissiale dans une aile attenante à l’église. Ce bâtiment existe encore, bien qu’il soit aujourd’hui utilisé à d’autres fins.

Par ailleurs, les vitraux de Saint-Martin racontent, eux aussi, des fragments d’histoire. L’un d’eux rend hommage aux Lamy de Beaumanoir, en représentant l’échiqueté de leur blason. C’est un témoignage silencieux et précieux de leur passage dans l’histoire du village.

Et aujourd’hui ?

Seur, bien qu’il ait évolué au fil des siècles, conserve les traces subtiles de ces personnages historiques qui ont marqué son âme. Des bâtiments comme l’église ou les vestiges du château sont autant de fenêtres ouvertes sur le passé. Mais cette mémoire se perpétue également dans les récits transmis par les habitants et les initiatives locales visant à valoriser le patrimoine du village.

Pour les amateurs d’histoire et de patrimoine, Seur est une riche source d’inspiration. La recherche de ces figures marquantes et l’exploration de leurs traces sont une excellente manière de plonger dans cette époque fascinante, entre Moyen Âge, Renaissance et Révolution. Alors, lors de votre prochaine promenade sur les chemins du Loir-et-Cher, arrêtez-vous à Seur : laissez les pierres vous chuchoter leurs secrets.

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